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Furlan : « Les petits budgets sont de la baise face aux institutions »

On le connait Jean-Marc Furlan n’a pas sa langue dans sa poche. Et lorsque Troyes accède à la Ligue 1, on savait qu’on finirait tôt ou tard à entendre un de ses fameux coups de gueule. Et il n’aura fallu attendre que deux matchs pour le premier dans L’Est Eclair.

C’est déjà difficile d’espérer prendre des points contre une équipe comme Lyon… Ils n’ont pas besoin de ça en plus. Voilà, il y a 2-1, Bastos marque un magnifique retourné, très bien. On aurait sans doute perdu quand même. Mais qu’on nous laisse tenter notre chance jusqu’au bout ! Ça me fait souffrir que les joueurs ne puissent pas disputer leurs chances. Pourquoi sortir un rouge ? Faussurier prend le ballon, il n’y va pas pour faire faute. Il suffisait de garder son sang-froid, mettre un jaune si besoin, et basta.

L’arbitre se protège, c’est tout, et nous, on ne représente rien. C’est tout à fait le genre de rencontre où tu as l’impression que, quoi qu’il arrive, tu ne peux pas t’en sortir. Et qu’on ne me dise pas que ça s’équilibre sur la saison. Est-ce qu’on aura le même genre d’expulsion au stade de l’Aube ? Je regarderai bien, mais j’en doute fort.

C’est la réalité. Si tu es parmi les plus petits budgets et si tu n’es pas un club insulaire, t’es de la baise face aux institutions, et je choisis mes mots. Au bout de 8-10 ans de L1, tu acquiers une certaine reconnaissance, pas avant. Il n’y a guère que si tu tombes sur un arbitre qui est proche de la retraite que tu peux espérer une certaine équité. Mais les jeunes arbitres qui ont un ou deux ans de Ligue 1, ils ne prennent pas de risque et vont dans le sens des grands clubs. Je ne mets pas en doute l’intégrité ou l’honnêteté de l’arbitre de samedi. Mais il est clairement victime du syndrome institutionnel.

Je l’ai déjà vécu avec l’ESTAC et Strasbourg. J’ai d’ailleurs ressenti cette même part de gêne chez les Lyonnais. La différence, c’est que je n’en ai plus rien à foutre de mon propre avenir. Je ne suis peut-être pas objectif, mais j’aime dire ce que je veux, j’aime ma liberté et là, j’ai envie d’ouvrir ma gueule. Nous, on est très gentils à Troyes. Le speaker accueille bien tous les adversaires, tout le monde, très bien, pourquoi pas. Mais ce n’est pas partout pareil, je vous le dis. Alors, on est une proie facile. Il y a cinq ans, on s’était écrasé par respect, parce que j’espérais faire autrement. On était les gentils agneaux, qui travaillent dans l’ombre et qui se taisent. Mais là, c’est fini. Peut-être d’ici un an ou deux, on retournera au milieu de tableau de L2. Mais au moins, j’aurai pu dire ce que je pense. Ça ne changera rien à notre championnat, on va se battre avec nos armes. Mais j’ai ça sur le cœur et ça me soulage de l’exprimer.